mercredi 3 avril 2013

la sève qui ne se voit pas


Tant que la tige n’est pas coupée, la sève n’apparaît pas alors qu’elle fait vivre la plante même sous la neige. Plus étonnant encore, elle définit la nature de l’arbre ou de la fleur qu’elle irrigue, mais elle peut finir avec celle-ci sur le fumier sans qu’on ne l’ait jamais aperçue. Ainsi en va-t-il, sans doute, de cette puissance mystérieuse que nous appelons « culture » et qui insuffle le mouvement de la vie du Prince comme du Sans Domicile Fixe, car son regard est modifié par la tradition de ses ancêtres : L’attitude, le débit de sa parole, la hiérarchie de ses valeurs modifie le jugement de chacun sans même qu’il en ait conscience. Invisible et incontournable, la culture héritée ou acquise, reste la seule prise qui demeure sur l’être humain quand tout ce qui est accessoire est brisé. Sève précieuse qui autorise encore tous les possibles dans les déracinements de ce monde, au sein des arrachements familiaux, car même l’intonation de la voix se reçoit, indélébile, des ancêtres tout en scellant l’unicité de la personne.
CIFRI
    

vendredi 29 mars 2013

POURQUOI PARLER DE CULTURES ?


      Le même mot convient au travail de la terre, à l’art, à la jurisprudence et sert encore les rédacteurs des publicités touristiques. Plus frappant encore, on dit qu’on « élève » le vin mais aussi un monument et même un enfant. Pourquoi ce même vocabulaire alors qu’il s’agit d’espèces pourtant distinctes ? Peut-être le mot est-il si large qu’il associe dans un seul effort l’action du corps et celle de l’esprit au point qu’on « goûte » un cru, une poésie, qu’on apprécie le bon ou le mauvais  « goût » d’un comportement humain. Voilà donc une perception assez vaste pour convenir aux formes multiples de la vie sur la planète…et de prendre les couleurs de toutes les traditions qui relient les siècles comme les territoires. A l’heure où la technique abolit le temps et l’espace, le renouvellement de ce terme n’est-il pas un cadeau pour la paix ?
CIFRI

mercredi 6 mars 2013

Un regard circulaire

       L’ouverture de deux présentations  somptueuses des trésors du Musée du Louvre a été fêtée successivement par la presse écrite et aussi la télévision.  Qu’il s’agisse du département des Arts de l’Islam ouvert en septembre 2012 au Louvre de Paris ou bien de la galerie du Temps au Louvre Lens qui attire le public depuis décembre 2012, il s’agit non seulement de beaux évènements culturels mais aussi d’une présentation nouvelle des relations entre les cultures, et cela est une notable étape intellectuelle . En effet, au lieu des séquences habituelles séparant les œuvres géographiquement, on a choisi de les grouper dans un espace assez vaste pour dérouler  la longue suite des réalisations  qui sont contemporaines  les une des autres. « L’air du temps » de chaque époque devient perceptible et l’influence réciproque des artistes n’étonne plus, qu’ils soient égyptiens, grecs, musulmans ou Français. Chaque tradition valorise l’autre car «Rien de ce qui est humain n’est étranger» au visiteur émerveillé.
CIFRI

mercredi 27 février 2013

Tois regards différents


Une salle de cours accueillant une centaine d’étudiants français, Indiens, Africains sub-sahariens , tous cherchant à se rapprocher de leurs compatriotes par crainte d’être méprisés par les autres. Sur le bureau du professeur un chou bien rond, et l’exercice demandé : «  Décrire ce qui est sur la table »
Invariablement, les Français répondent au raisonnement à trois temps qui les caractérisent : « ceci est cela » Etonnés, flairant un piège, ils font du chou soit un légume, soit un volume, soit une plante, mais toujours  une seule épithète. Tandis que les Indiens proposent les réponses simultanées aux cinq questions : « Qui l’a fait, pourquoi, en quoi, avec quoi ? selon quel modèle ? ». Un Noir, respectueux du mystère de l’être évité au moins la confusion d’un regard superficiel, il résume toute la question en affirmant : « Un chou n’est pas un chat », et il est vrai qu’il ne manque que le miaulement pour entendre un minou rentrant sa tête dans ses épaules. L’Européen est efficace, l’Asiatique ouvert à tous les possibles, et le Noir spontanément philosophe.
CIFRI

mercredi 20 février 2013

Corrélation des cultures

Le huitième centenaire de Notre Dame de Paris offre l’occasion de belles photographies des divers éléments de ce chef d’œuvre. Cathédrale de l’Université naissante, l’édifice a su emprunter ses plus belles inventions aux différentes civilisations qui fécondaient déjà  l’Europe : La voûte que les chansons de l’époque nomment « la nef renversée » en y reconnaissant la technique des bateaux des envahisseurs Vikings ; les merveilleuses rosaces imitant celle de Jéricho qui ornait la demeure du chef musulman de cette ville dès le huitième siècle,  les audacieuses croisées d’ogive qui viennent des palais musulmans d’Espagne .  Tout comme les reines de France qui se succédèrent pendant la construction de Notre Dame : Aliénor d’Aquitaine, Blanche de Castille, Marguerite de Provence, toutes marquées par l’influence de l’Espagne islamisée.  Même les décors des portes et des chapiteaux sont vibrants des poésies du Moyen Orient, les feuillages des ferrures des portes portent la prière joyeuse des oiseaux écoutés par les moines de la thébaïde. Une seule harmonie et de multiples modèles !    
CIFRI

lundi 6 février 2012

L’importance du Ciel


L’observation du paysage est condamnée à ne révéler à la fois qu’une petite portion de notre terre. 
Même Yann Arthus Bertrand est obligé de multiplier les photographies pour partager avec nous ses voyages !
Tandis qu’il suffit de lever les yeux pour embrasser les vastes étendues stellaires, rien d’étonnant que les antiques savants de Babylone, de Perse ou de Chine aient construit des observatoires pour étudier le ciel dont le même soleil éclaire tous les pays.
Ces astrologues ont ainsi découvert des rapports entre les astres qui ont inspiré leurs calculs, et permis aux architectes de réaliser des œuvres capables de résister à l’usure des siècles. Ignorant les travaux ultérieurs des Grecs ces savants étaient-ils des ignorants ?

mercredi 21 décembre 2011

Au pied d’un vieil arbre

Ses feuillages tombés, nous voici plus attentifs à la structure de nos arbres, elle a inspiré de grands peintres. Comment ne pas affiner notre regard en reconnaissant Mondrian dans cette architecture géométrique ? Mais il ne faut pas oublier les racines, bien séparées au sol et conditions de la vie même du vivant qui nous offre sa protection. Racines multiples mais jamais concurrentes, racines qui couronnent au sol la vigueur du tronc qui pointe vers le ciel. Il arrive qu’on trébuche sur ces formes parce qu’on les a oubliées, mais même fâché contre elles, on ne les coupe pas, par respect pour l’arbre ! Pour quoi priverions nous nos vieilles civilisations de leurs vigoureuses racines ? Comment ferions-nous pour effacer aux yeux de nos jeunes les apports successifs des envahisseurs qui ont enrichi nos compétences, Celtes, Gallo-romains, Grecs, Musulmans, Vikings…Nos frigidaires assemblent des pièces fabriquées loin de nous, et notre jeunesse porte des grâces venues d’ailleurs. 

CIFRI